Le Journal d’une Bleue – Épisode 2 : La Confrontation

8 h 32. Café à la main, réflexion existentielle en cours. Être bleue ou ne pas l’être, telle est la question du jour. Comment les autres me voient-ils, et surtout, devrais-je faire confiance à un test sûrement concocté par des geeks en sueur, les yeux rivés sur leurs variables et statistiques ? Pire encore, si c’était une AI qui avait fait tout le boulot, que sait-elle vraiment de moi ? Bref, pour en avoir le cœur net, j’ai décidé de sortir le grand jeu : la « gender reveal party » version couleur. Famille réunie, je me lance. « Jusqu’ici, vous pensiez me connaître, hein ? Eh bien, surprise ! Je suis bleue ! » Bon, en vrai, ça sonnait mieux dans ma tête.

Réaction de mon père ? Prévisible, évidemment. Il a balancé un « De bleu de bleu ! », suivi d’une blague sur la fameuse « méthode des 4 couleurs ». Puis, avec son air de sage de la montagne, il m’a félicitée : « Ma fille, c’est une belle démarche de lucidité. » Lucidité, vraiment ? Mon cerveau bleu est parti en mode overdrive. S’accepter tel qu’on est ou découvrir qui on est vraiment, c’est ça la vraie question. Mais avant que je n’aie le temps de trouver une réponse digne de ce nom, papa a continué : « Pour moi, tu ne te résumes pas à une couleur, mais c’est vrai que ce bleu te va bien. » Ah ! Voilà, la validation tant attendue. Quelqu’un qui me connaît bien pense aussi que je suis bleue. C’est bon, je peux sortir les T-shirts « Je suis bleue et j’assume ».

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Mais papa n’avait pas fini. Il a lâché, comme ça, en toute désinvolture : « Mais tu as des nuances multicolores, du bleu très très foncé au rose pâle, en passant par tout un arc-en-ciel. » Pardon ? C’est censé vouloir dire quoi ? Suis-je bleue ou pas ? Et pour enfoncer le clou, il a ajouté : « Belle démarche introspective, c’est courageux. » Traduction : « Je suis fier de toi, mais je ne suis pas sûr que tu saches où tu vas. » Super, merci papa.

Et mon mari, fidèle à lui-même, a réagi avec son calme olympien : « Bleu ? C’est aussi ce qu’on dit pour quelqu’un de novice, non ? » Sous-entendu : « Tu es bien gentille, ma chérie, mais tu as du temps à perdre. » Et juste pour me rappeler l’essentiel, il a conclu : « Bleue ou pas bleue, une chose est sûre : tu es Loraine. » Ce qui m’a amenée à la question ultime : pourquoi j’ai fait ce test ? Et surtout, pourquoi ai-je ressenti le besoin d’en parler à mes proches ? Cherchais-je un mode d’emploi de moi-même, une validation externe pour m’accepter enfin ?

Loraine et sa famille-breakthrough

Au fond, ce n’est pas la question d’être bleue ou non qui compte. Ce qui importe, c’est de comprendre qui je suis vraiment. Alors, cher journal, à la fin de cette journée tumultueuse, une chose est claire : se confronter aux autres, c’est bien, ça permet de se voir sous un autre angle. Mais la question fondamentale reste : qui crois-je être ? Parce que si tu laisses un test ou l’avis des autres répondre à ta place, tu risques de te retrouver avec une identité qui te va aussi bien qu’un jean trop serré. Si je crois être bleue, je finirai par voir la vie en bleu et ignorer le reste. Aujourd’hui, j’ai compris que s’assumer n’est pas une question de couleur, mais d’alignement avec son identité et ses croyances. Alors, cher journal, si tu pouvais parler, je te défierais de répondre à cette question : qui es-tu vraiment ?

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